L'avenir de l'auteur dans le marché du livre numérique27/11/12
L'avenir de l'auteur dans le marché du livre numérique
La publication de l'une des dernières études sur les usages du livre numérique, en France, démontre que la part de marché du livre numérique reste faible. Seuls, 13 % des internautes déclarent charger des livres numériques, tandis que 78 % des sondés n'envisagent pas la lecture de Ebooks (sondage Opinionway de septembre 2012 : baromètre des usages du livre numérique www.sne.fr). Malgré tout, la part du livre numérique progresse en France de façon constante, suivant ainsi l'évolution du marché Anglo-Saxon.
Néanmoins, il est étonnant de constater que la plupart des sites traitant le sujet tend à minimiser l'impact du livre numérique dans le futur, comme si la révolution numérique pouvait les épargner, alors qu'elle a déjà balayé celui de la musique. D'un autre côté, les pouvoirs publics essayent d'influencer les acteurs économiques du secteur, en les incitant à prendre en considération cette nouvelle donne. Le premier rapport sur la question a été présenté au gouvernement dès 2008 et reste d’actualité ( rapport Patino). On citera également l'exemple de la BNF, qui a mis en place un laboratoire expérimental des usages des nouvelles technologies de lecture, d'écriture et de diffusion de la connaissance et qui, sans surprise pour le visiteur, présente des techniques faisant déjà largement parties de nos vies ( www.bnf.fr ). Pendant ce temps, aux Etats-Unis, les deux premières bibliothèques totalement numériques sont en phase expérimentale.
Pourtant, les différents acteurs, et particulièrement les éditeurs et les libraires, ont du mal à réagir, défendant, tant bien que mal, leur pré carré. Selon eux, il existe deux principaux obstacles au développement de ce marché : le premier est d'ordre technologique et le second est d'ordre financier.
Il est indéniable que la qualité de lecture est encore un frein au développement du livre numérique (baromètre sur les usages du livre numérique sept 2012 www.sne.fr). Mais pour combien de temps ? Aujourd'hui, avec les nouvelles tablettes, le confort visuel est presque comparable à celui d'un livre papier. Seul, manque le côté sentimental du livre, mais peut-il être un véritable argument contre le développement du livre numérique ? Les nouvelles générations regrettent-elles les LP au téléchargement ? C'est à mon avis une position illusoire. Dans peu de temps, personne ne regrettera plus l’odeur du livre papier et vantera les mérites de la tablette. En effet, grace au numérique, le livre n'est plus un simple texte, c'est un univers multimédia avec des images, des liens, des fonctions de navigation...Je parie sur l'avènement de la lecture plaisir sur tablette. Un autre argument en faveur du développement du numérique est bien entendu écologique. Plus besoin d'abattre des forêts ! Les couts de fabrication s'en trouvent réduits, le pilon est virtuellement aboli. Pour tous les acteurs de la chaîne du livre, cela voudrait dire une meilleure rémunération, puisque le coût de fabrication est moindre.
Mais alors pourquoi tant de réticence ?
Mais parce que l’avènement du livre numérique permet l'éviction des acteurs jusque-là incontournable de l'édition : l’éditeur et le libraire. En effet, l'économie du livre numérique permet à chaque acteur de la chaîne du livre de se passer d'un autre acteur de la chaîne. Par exemple, l'auteur peut devenir éditeur, tandis que l'éditeur peut devenir distributeur et le distributeur, lui-même, éditeur. Il y a suppression des intermédiaires. Bonne nouvelle pour les auteurs, me direz-vous, ils peuvent reprendre la mainmise sur leur œuvre ! Mais l'auteur y a t-il vraiment intérêt ? Dans ce jeu de dupes, un intermédiaire en sort renforcé : celui qui sait donner du sens et de la lisibilité au contenu. En résumé, celui qui sait être vu sur le web ! Fini le viel axiome économique qui voulait que la demande soit assujettie au lien qui pouvait être établi avec le rapport d'utilité attendue par le consommateur. Celui qui détient le droit d'accès a tout pouvoir sur celui qui détient les droits intellectuels; Dans le secteur du livre, ces acteurs prennent la forme de plateformes de distribution, comme par exemple, Amazon qui met en place des tarifs tellement prohibitifs, qu'elles ne permettent pas la liberté de création. Elles entrent directement en concurrence avec ceux qui détiennent les droits intellectuels, c'est à dire l'éditeur et l'auteur, dont elles ont intérêt à dévaloriser le travail, au bénéfice de leur droit d'accès. Les éditeurs essayent de résister et s'organisent autour de plateformes, dont ils tentent de garder le contrôle, en mettant en place, par exemple, des logiciels anti-copie qui leur permettent de sauvegarder les droits intellectuels sur les œuvres. Ils protègent même les libraires ne rendant pas l'accès à ces plateformes publiques. Mais les verrous sautent un à un. Hachette s'est illustré par la mise en place de la plateforme Numérilog permettant de se passer d’un des maillons de la chaîne. Encore tout bénéfice pour l’auteur me direz-vous ? Cependant, si dans un premier temps, il apparait avantageux de se passer des acteurs classiques du livre (autoédition, meilleure rémunération et liberté accrue sur la vision du produit) , dans un second temps, il est à mon avis indéniable qu’après s’être débarrassé des éditeurs ( garants des droits intellectuels des auteurs) et en ayant tué la concurrence des distributeurs classiques (libraires), les plateformes s’attaqueront aux droits des auteurs. On entend déjà parler ça et là, des inconvenients des DRM et autres protections des droits des auteurs. Il faut donc, rester méfiant et ne pas se tromper de combat. Accepterons-nous d’être bradés comme de vulgaires marchandises ? Si pour l'éditeur et le libraire, c'est un pari à court terme, le sort de l'auteur n'est en réalité pas plus enviable sur le long terme. Il passe simplement de charybde en Scylla. Bienvenue dans le monde de la World Company ! Sources : www.bnf.fr www.sne.fr www.lemonde.fr www.lefigarro.fr Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie, à la condition que vous fassiez référence à notre site : www.les-mots-bleus-editions.com https://www.facebook.com/pages/Les-Mots-Bleus-Editions/232714433515901 Partagez sur les réseaux sociauxCatégorieCommentaires :Laisser un commentaire Aucun commentaire n'a été laissé pour le moment... Soyez le premier ! |
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